Merci Ptite Bête, merci Quatrelys !
Alors comme – bien entendu – nous ne connaissions pas Sponde (vous non plus, peut-être ?
), permettez-moi de vous en dire deux mots. Certes il ne s'agit pas à proprement parler de musique, mais la déclamation baroque, finalement, n'est pas si éloignée d'une forme de musique.
Joanes Ezponda est né à Mauléon, au pays Basque (voyez le beau reportage ici même de Robert Hautlecoeur) en 1557. A travers ce second seizième siècle en proie aux guerres de religion, à la fois flamboyant et cruel, hanté par la mort (voyez le film récent
La Princesse de Montpensier), il mène une existence romanesque et aventureuse qui, du protestantisme, le conduit à épouser le catholicisme à la suite de son maître Henri de Navarre, devenu Henri IV.
Sa poésie est baroque, complexe, déchirante.
Jean de Sponde meurt à Bordeaux, dans la misère, en 1595. Son oeuvre sera oubliée pendant près de trois siècles.
Voici un sonnet :
Si c'est dessus les eaux que la terre est pressee
Comment se soustient-elle encor si fermement ?
Et si c'est sur les vents qu'elle a son fondement
Qui la peut conserver sans estre renversee ?
Ces justes contrepoids qui nous l'ont balancee
Ne panchent-ils jamais d'un divers branslement ?
Et qui nous fait solide ainsi cet Element,
Qui trouve autour de luy l'inconstance amassee?
Il est ainsi, ce corps se va tout souslevant
Sans jamais s'esbranler parmi l'onde et le vent,
Miracle nompareil, si mon amour extreme
Voyant ces maux coulans, soufflans de tous costez
Ne trouvoit tous les jours par exemple de mesme
Sa constance au milieu de ces legeretez.
Un autre :
Je contemplois un jour le dormant de ce fleuve
Qui traine lentement les ondes dans la mer,
Sans que les Aquilons le façent escumer
Ni bondir, ravageur, sur les bords qu'il abreuve.
Et contemplant le cours de ces maux que j'espreuve
Ce fleuve dis-je alors ne sçait que c'est d'aimer,
Si quelque flamme eust peu ses glaces allumer
Il trouveroit l'amour ainsi que je le treuve.
S'il le sentoit si bien, il auroit plus de flots,
L'Amour est de la peine et non point du repos,
Mais ceste peine en fin est du repos suyvie
Si son esprit constant la deffend du trespas,
Mais qui meurt en la peine il ne merite pas
Que le repos jamais luy redonne la vie.
Et la princesse de Montpensier :