la tenue des sonneurs

Merci Robert pour cette nette amélioration de la photo des trompes de Chartres.

Sur les photos précédentes du rallye cor de Bourges et des trompes de Saumur, nous constatons que les "bombes" sont garnies d'un galon type piqueur. Nous avons déjà vu que d'autres sociétés ont en cette fin 19ème , début 20ème une bombe décorée d'un cor, d'une lyre (voir la photo des joueurs de bigophone) ; parfois même l'on retrouve le galon de piqueur derrière la tunique, simple ou double (comme sur les tuniques de chasse ). Ces "décorations" disparaitront presque totalement dans l'entre deux guerres, au moment où se crée la Fédération des trompes de France.

Quant au béret porté ici par des sonneurs de Gironde et Guyenne, nous avons également vu qu'il était porté logiquement dans tout le sud-Ouest par les sociétés de trompes .

Il y a certaines photos qui posent quelques questions; est-ce bien un sonneur ce Monsieur, ou bien s'est -il habillé en sonneur pour la photo?
La bombe avec son galon noir, les chaussures à lacets avec guêtres, la tenue de la trompe pavillon en avant, la tunique (peut-être rouge à parements noirs) porte des insignes sur le col, lyre ou cor... et a un galon particulier sur les manches type "zouave"!... Tout cela permettrait de dater cette photo des années 1910 à 1930. Mais le plus curieux, c'est cette trompe; elle n'a pas de tube d'embouchure (qu'on appelle aussi cheminée). Même en agrandissant la photo, pas de tube droit sans lequel on ne peut pas placer l'embouchure ni sonner!!! Alors voilà bien un curieux sonneur de trompe sans embouchure!
Une explication serait que c'est une trompe de Professeur, pavillon en avant; mais il ne semble pas que ce soit le cas. Ces trompes de Professeur étaient conçues pour avoir le pavillon vers l'avant, dirigé vers l'élève ; cela évitait au Professeur de se retourner sans arrêt lors de ses démonstrations et explications. Mais ces trompes particulières ont un plus grand diamètre que les trompes habituelles. Alors le "problème" reste entier!

Il semblerait que le tube de cheminée soit sous le bras droit. C'est du moins ce qu il me semble voir.

Il me semble bien, en regardant à nouveau de près mon agrandissement de ce sonneur à la curieuse trompe, que tu aies raison Flavien, et qu'il s'agisse d'une trompe de Professeur. C'est bien la première photo que je vois présentant cet instrument porté par un sonneur.
Perinet , mais aussi d'autres facteurs ont au 19ème siècle fabriqué des trompes aux formes inhabituelles: trompes au cerclage ovale, trompes à deux ou trois tours mais avec des petits enroulements supplémentaires au niveau du tenon du  pavillon(voir trompe de Mlle laugé), trompes à quatre tours pour enfants, copies de trompes modèle réduit pour très petits enfants (Raoux Millereau en a réalisé de très belles ), trompes de professeur, trompes droites (une est conservée au musée de la villette à Paris et je vais essayer d'en retrouver la photo). Ajoutons à tout cela des trompes à 6,7,8,9 tours et demi dites "de lièvre" ou "à pieds" ou "maricourt" avec petit pavillon parfois même ovale; puis les trompes basses et contrebasses (celle qui orne mon avatar); n'oublions pas les décors en relief des guirlandes, Pettex Muffat, Gohin, Deschamps, Perinet... les nombreuses guirlandes gravées et même parfois la totalité du pavillon gravé (j'ai vu une très belle trompe argentée de Sax ainsi gravée de fleurs). La variété est grande dans les trompes et leurs décors.

Trompe en forme de basson de Antoine Courtois (exemplaire très rare sinon unique: Paris)

IN - CROY - iiiiiiABLE (tu as remarqué le tayaut...?) cette trompe "basson"!!!!!!
Je n'en avais jamais vu...! Il faut vraiment que je prenne le temps de faire un tour à La Villette...

Robert Hautlecoeur a écrit:

c'est vrai qu'il a l'air bizarre le gars !
sans parler de la trompe (je ne suis pas experte...)
ce sont les "leggins" qui sont "hors sujet":
avant que les femmes ne s'en emparent (quelle horreur et quelle vulgarité), c'étaient des jambières (molletières) pour ceux qui n'avaient pas de quoi avoir de bottes
je pense que le type était dans une fête costumée... et qu'il s'est mal déguisé !

Ce personnage-sonneur que nous a proposé "Robert" permet, grâce également à Anne-F (qui reconnait n'être pas spécialiste), de faire un petit retour sur ce que nous avons vu des tenues et de leur évolution dans le "monde " des sonneurs de trompe de chasse.
Nous avons vu que les caractéristiques de la tenue portée ici n'ont rien d'exceptionnel pour le début du 20ème siècle; les guêtres sont très habituelles à cette époque et sont même portées par les officiers ( les aviateurs et spécialistes des chars jusque dans les années 1940 au moins); d'ailleurs, il suffit de remonter à la photo précédente de "la St Hubert de Chartres" pour voir ces "chaussures plus guêtres".
Non, ce sonneur n'est pas un usurpateur d'identité, mais bel et bien un sonneur de trompe portant vraisemblablement une trompe de Professeur ; il est d'ailleurs impeccable avec un sérieux inhabituel lors les cavalcades déguisées.
Ci-dessous deux photos; la première d'une trompe de professeur pavillon dirigé en avant; la seconde d'une trompe pour personne corpulente à 2 tours et demi mais de diamètre inférieur à une dauphine toutefois grâce aux 2 petits tours de tubes au niveau du pavillon (cette dernière photo est empruntée au site de l'excellent facteur de trompes "Fraize et marques").

Un très beau livre reprenant les travaux du Commandant de marolles (datés de 1912) a été publié à la fin des années 1970 par Joël Bouessée; bien avant, Monsieur Détourbet avait fait paraitre dans les années 1930 des ouvrages sur la technique de la trompe de chasse. Monsieur Pinguet a aussi travaillé sur ce sujet et fait paraitre en 1976 "la vénerie et sa musique". En 1971, on doit à Jean Pietri "l'héritage de Dampierre", petit recueil sur la musique de trompe. Depuis 1982, Monsieur Jacques Poncet de Lyon a écrit de nombreux ouvrages sur l'histoire de la musique de trompe de chasse et a participé à l'élaboration d'ouvrages de la maison Perinet. La Fédération internationale des trompes France vient de sortir un ouvrage sur la trompe que je n'ai pas encore vu!
Mais il est vrai que dans tout ce qui précède, la trompe et ses différents modèles, ses nombreux facteurs, ses différentes factures, la tenue des sonneurs, l'histoire des sociétés de trompe de chasse, sont des sujets peu traités. Mais intéressent-ils vraiment le milieu des sonneurs et des chasseurs?
Actuellement, des spécialistes de la trompe, facteurs, experts, collectionneurs, professionnels des instruments anciens travaillent sur un projet................................

Guêtres et galons sombres étaient fréquents effectivement.

Le "chef" portait lui galon doré voire double galon sur sa "toque".

J'ai découvert aujourd'hui l'ouvrage de la FITF " LA TROMPE, TRADITION et AVENIR" un intéressant ouvrage de compilation actualisé à nos jours.
Pour les passionnés, il faut l'avoir en bibliothèque.....
Pour revenir sur l'analyse de dom vis à vis de la bibliographie évoquée et de l'intérêt porté à ces ouvrages par "le milieu des chasseurs et des sonneurs", je pense que si l'intérêt n'est pas à la hauteur de la curiosité des passionnés, ce n'est pas bien important.
L'essentiel pour la culture des passionnés et autres adeptes de la trompe et de son histoire, comme vous le faîtes si élégamment avec Robert, n'est-il pas de partager et de s'enrichir dans ce partage?

Dans les Hautes-Pyrénées :


Il y a bien longtemps...

De nouveau une jolie carte postale de la Haute Garonne, et des sonneurs de tous âges utilisant des trompes de type Gautrot et portant le béret typique de la région quoique à pompons ceux-ci, et tenue civile. Ils font une aubade dans les jardins de l'établissement thermal fort réputé au début du 20 ème siècle, date sans doute de cette photographie.

Voici une rare carte photo montrant un cours de trompe de chasse. L'homme au chapeau ne semble pas avoir de trompe! Serait-il là uniquement pour battre la mesure!!! Les sonneurs sont en rond autour, à cela par contre, rien de surprenant. Cela se passe à Ardillières près de Limours. La fanfare "les echos d'Ardillières" composée par Maurice Valery, directeur de la maison Perinet de 1921 à 1939, et offerte à la famille de Roualle tient-elle son nom de ce hameau?
Merci encore à "Robert Haulecoeur "qui a trouvé cette merveilleuse carte.

Permettez moi une précision....

Les échos d'ardillieres ou la Roualle est la fanfare du Piqu'Avant Nivernais


La fanfare du Rallye Ardillieres :

bien sur les échos d'Ardillieres mais aussi les adieux à la foret de Montargis

Merci à "Robert" pour ces cartes postales photo de sonneurs du sud-ouest.
Sur la 1ère et 3ème carte, on retrouve des éléments déjà décrits précédemment comme le bérêt avec trompe de chasse cousu ou brodé, la bannière décorée avec nom de la formation, titres, souvent médailles accrochées, la veste courte type militaire infanterie 14-18, la trompe tenue pavillon en avant (contrairement à ce qui se fera à partir des années 30)...
Sur la 2ème carte, la tenue s'oriente franchement vers la vénerie, redingote, bombe avec "cor de chasse", ( bien qu'il reste un béret encore coiffant un sonneur issu d'une autre formation sans doute),mais toujours trompes tenues pavillon en avant! La photo date des années 1920, période à laquelle se crée la Fédération des trompes de France, fédération dont l'objectif principal est de relier la trompe et le monde de la vénerie, quitte à oublier tout ce qui fait l'histoire de cet instrument au 19ème siècle.
Sur la 3ème carte est indiqué "division d'excellence". A cette époque , fin 19ème début 20ème, il n'y a pas de concours spécialisés de trompe de chasse comme nous les connaissons aujourd'hui depuis la création de la fédération des trompes de France (puis de la FITF). Par contre , de nombreuses formations de trompes de chasse participent aux concours organisés par la confédération musicale de France , Association représentée à tous les niveaux départemental, régional, national, et qui permet à toute formation d'instruments à vent de concourir. Notons ici 19 sonneurs; il n'est pas rare de voir se produire 25 sonneurs ensemble. Le niveau de connaissance musicale est important dans ces formations vers 1900; les cours de musique font partie de la formation des sonneurs. D'ailleurs, lorsqu'on étudie les pièces musicales de la fin du 19ème, on est surpris de voir leur complexité. La trompe actuelle bénéficie d'une évolution comparable à celle de la fin du 19ème , début 20ème; le niveau musical s'accroit, la compétence instrumentale également, le nombre de sonneurs par formation aussi. En 1970, les groupes comptaient de 8 à 12 sonneurs; aujourd'hui, il n'est pas rare de voir des groupes de 16 sonneurs et plus parfois.
Ces trois cartes sont du sud ouest. Il est évident qu'il faudrait les "relier" à l'histoire de la trompe de chasse de cette région qui, nous le voyons, était déjà riche et l'est toujours.

Messieurs Robert et Dom,
Soyez remerciés pour votre contribution essentielle à la qualité des échanges sur des sujets à la fois, techniques, historiques, populaires comme l'était et comme l'est la trompe de chasse.
J'avoue me cultiver et me délecter de vos trouvailles et des commentaires, explications, très pertinents.
Nous ne pouvons vous rendre le centuple de ce que vous nous offrez.
Acceptez donc nos remerciements chaleureux.

Fouquet's 37 a écrit:

Messieurs Robert et Dom,
Soyez remerciés pour votre contribution essentielle à la qualité des échanges sur des sujets à la fois, techniques, historiques, populaires comme l'était et comme l'est la trompe de chasse.
J'avoue me cultiver et me délecter de vos trouvailles et des commentaires, explications, très pertinents.
Nous ne pouvons vous rendre le centuple de ce que vous nous offrez.
Acceptez donc nos remerciements chaleureux.

Merci à vous, c'est formidablement encourageant; on a tellement de choses à tenter de partager...